Dans le parcours de connaissance de soi, que ce soit avec un spécialiste ou dans le cadre d’un travail individuel, nous sommes rapidement confrontés à la notion des émotions. Quand ce n’est pas le cas, c’est nos réactions au quotidien qui nous y rappellent. On se rend rapidement compte que côté gestion des émotions on n’a pas été à la bonne école. Nous sommes à une époque où l’on accumule diplômes et compétences sur le CV mais où la gestion de nos émotions et celle des autres est considérée comme innée. Pourtant c’est une compétence que l’on travaille tout au long de sa vie. Et clairement nous sommes nombreux à être analphabètes sur ce sujet.
En quoi c’est gênant d’être analphabète émotionnel ?
Dans la vie personnelle, on s’en accommode plus ou moins facilement. Entre famille et amis on se connait, on se comprend et on se pardonne généralement. Et quand ce n’est pas le cas cela crée des ruptures où tout le monde est malheureux.
Dans la vie professionnelle c’est également compliqué. Certains managers et leaders peuvent animer des équipes de dizaines ou centaines de personnes. Ils sont régulièrement confrontés aux craquages de leurs équipiers. Ils se retrouvent donc dans des situations pour lesquelles ils sont désarmés. Et lorsqu’ils sont contrariés, ils sont les premiers à piquer une crise.
Reconnaitre l’analphabétisme émotionnel ?
On peut reconnaitre l’analphabétisme émotionnel à plusieurs symptômes :
- Par rapport aux émotions :
- Difficultés à identifier ses propres émotions et les gérer.
- Difficultés à comprendre les émotions des autres.
- Manque d’empathie, difficulté à comprendre le point de vue des autres et de comprendre une réalité différente de la leur.
- Grands doutes et focalisation sur les émotions dans les échanges.
- Narcissisme,
- En situation de difficulté :
- Réactions démesurées face aux problèmes (quelle que soit leur taille).
- Sentiment d’impuissance face aux situations.
- Communication avec les autres :
- Difficultés à lier des liens autres que motivés par leurs propres besoins / intérêts
- Besoin obsessionnel d’avoir raison
- Intolérance aux critiques et manque de souplesse
- Répression, censure
- Soumission physique, émotionnelle et psychologique
- Autres :
- Fanatisme politique, sportif, idéologique, religieux, sexuel. Cela se manifeste par de la pensée polarisée, répression, racisme ou sexisme,
- Addictions diverses : travail, jeux, alcool, drogues, nourriture, sexe…
Tout cela vient d’un conditionnement que l’on vit au quotidien. On l’a appris avec nos parent, nos amis, nos collègues, à l’école et on continue d’ancrer ces pratiques dans nos vies.
Cacher ses émotions
« Bonjour, Ca va ? »
« Ca va et toi ? »
« Ca va. »
Qui n’a jamais dit « ça va » alors qu’il est au bord de la crise ? Moi, très souvent ! On choisit cette réponse parfois parce qu’on va bien. Mais souvent on ne veut pas raconter sa vie, ou on ne veut pas déranger l’autre en mobilisant la parole. Souvent, on ne veut pas être le rabat joie qui s’épanche sur chacun de ses malheurs…On se dit que l’autre est pressé et qu’il n’a posé la question que par politesse.
Les injonctions et la politesse
En parlant de politesse, il y en a un grand nombre qui nous compliquent la vie.
Alors oui, l’homme est un être social et les règles de politesse sont faites pour structurer la société, avoir un référentiel commun pour communiquer, etc.
Pourtant, quand on doit coller un beau sourire sur le visage et remercier ce patron qui nous parle mal, nous fait travailler plus que de raison pour un salaire misérable, il faut savoir à un moment reconnaitre ses émotions et les partager de façon constructive pour les deux.
Idem pour ce client qui cherche à ce qu’on fasse le travail pendant la phase de devis alors qu’il n’a encore rien signé…
Ou cette tante bien intentionnée qui se mêle de tout …
Toutes ces situations et bien d’autres favorisent l’accumulation de toutes ces émotions refoulées. Ce qui risque de vous revenir en pleine face le jour où vous vivrez une vraie passe difficile.
Reconnaitre les Emotions positives et négatives
Dans la perception populaire, les émotions se divisent en deux catégories : les émotions positives et les négatives. Dans la première catégorie on voit la joie, dans la seconde la tristesse, la colère,…
Pourtant chaque émotion est une réaction naturelle qui apporte un bénéfice. C’est pour cela qu’il est nécessaire d’apprendre aux jeunes générations à reconnaitre leurs émotions et ne pas en avoir peur.
Faire preuve d’empathie
Toute évolution sur le chemin de l’éducation émotionnelle passe également par l’empathie. C’est l’occasion parfaite d’exercer son recul en cherchant à comprendre l’autre et l’aider à sortir de sa situation.
A ces moments, l’aidant est suffisamment détaché de la situation pour avoir du recul, comprendre l’autre et se demander comment il aurait lui-même réagi et quelle réaction est plus appropriée.
Ainsi, le jour où il est lui même concerné, il a une expérience et il peut plus facilement reconnaitre ses émotions et comment il souhaite se comporter.
Travailler son éducation émotionnelle
Qui parle d’analphabétisme émotionnel parle de formation sur les émotions. Oui avoir des difficultés ne signifie pas qu’on ne peut pas s’améliorer. On va donc commencer par :
- Identifier ses émotions. Dans le langage courant on en cite un grand nombre. Pourtant les psychologues les réduisent à 4 émotions principales. Les autres en sont dérivées. Les émotions principales sont :
- La joie : qui génère les endorphine, nous remontent le moral et nous permet de célébrer
- La tristesse : qui nous permet de nous recentrer sur nous même et d’identifier ce qui nous correspond et nos besoins.
- La colère : qui nous permet d’identifier quand on est dans une situation inacceptable, de nous rebeller, déclencher des changements.
- La peur : qui nous permet de courir avant même de réfléchir si un animal dangereux nous poursuit.
- Accepter ses émotions. Les émotions sont bénéfiques. Elles sont un indicateur que nous envoie notre subconscient pour qu’on avance en sécurité dans notre monde.
- Vivre ses émotions. Une fois reconnue, il est plus facile d’accepter l’émotion survenue. Car on a déjà une idée du déclencheur et du type de plan d’action à mener.
- S’exprimer. Cette partie est la plus difficile dans notre société. N’hésitez pas à y aller par petits pas. Dans des moments d’emportement, il est plus probable dans les premiers temps que vous criiez quand vous êtes en colère plutôt que d’exprimer calmement les faits qui ont mené à votre colère et que vous êtes en colère.
D’ailleurs si vous êtes curieux vous pouvez creuser un peu plus le sujet avec la communication non violente (CNV) de Marshall Rosenberg dont voici une vidéo :
en Conclusion
L’analphabétisme émotionnel, et notamment le manque de gestion des émotions telles que la tristesse et la colère peuvent mener à des troubles mentaux. Nous n’aurions pas autant de dépressions, burnouts,… si les gens osaient juste dire quand ça ne va pas. Ils auraient eu accès à l’aide dont ils avaient besoin.